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Si les participes passés vous font faire des cauchemars, votre calvaire est peut-être bientôt terminé. Des profs ont présenté au ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, une réforme des participes passés qui pourrait épargner beaucoup de temps et de mal de crânes aux élèves comme aux enseignants.
Alors, qu’est-ce qui pourrait changer concrètement?
L’idée, ce serait de faire disparaître les exceptions sur lesquelles les enseignants doivent passer beaucoup de temps, comme l’accord d’un participe passé avec un verbe pronominal.
La vice-présidente de l’Association québécoise des professeur.e.s de français (AQPF), Alexandra Pharand, donne également l’exemple suivant:
La mort de l’homme que j’ai tant désiré.
«Souvent, ce qu’on va dire, c’est qu’ici, le complément direct est placé avant. Mais est-ce que le complément direct est la mort ou l’homme?», demande la prof de français.
Avec la nouvelle règle, plus besoin de se casser la tête.
En gros, selon ce qu’on peut lire dans l’article de La Presse, la réforme propose que:
- Les participes passés sans auxiliaire s’accordent comme un adjectif avec le nom ou le pronom.
- Les participes passés avec l’auxiliaire être s’accordent avec le sujet.
- Les participes passés avec l’auxiliaire avoir sont invariables.
Des réfractaires au changement
Cette proposition de refonte des participes passés ne fait pas l’unanimité.
«C’est pourtant pas compliqué!! Sérieux, suffit de l’apprendre. Pourquoi toujours tout simplifier pour nos jeunes?», peut-on lire sur Facebook dans les commentaires sous un article sur le sujet.
À ce genre de critique, Alexandra Pharand répond qu’«une langue, pour que ce soit vivant, il faut qu’elle s’actualise».
«Au même titre que dans une langue, il y a des mots qui apparaissent en fonction de l’usage, il y a des mots qui disparaissent parce que ça ne correspond pas à la réalité des locuteurs», indique-t-elle, tout en soulignant que certaines règles de participes passés nous viennent tout droit du 15e siècle.
Elle estime à 80 heures le temps nécessaire pour apprendre aux élèves québécois les règles de l’accord du participe passé. «C’est tellement de temps qui pourrait être réinvesti de meilleures façons», affirme-t-elle.
L’objectif est d’arrêter de se concentrer sur les exceptions et de prendre plutôt le temps de bien intégrer les régularités de la langue.
Pourquoi en parle-t-on maintenant?
Cette réforme des participes passés proposée par le Conseil international de la langue française en 2014 a été présentée la semaine dernière par l’AQPF au ministre de l’Éducation, Bernard Drainville.
«On lui a soumis plusieurs solutions pour l’amélioration du français écrit», explique Alexandra Pharand.
«Ce qui est arrivé, c’est qu’on a partagé le document qu’on a fait faire à M. Drainville dans lequel il y avait un exemple d’actualisation de la langue française avec les participes passés. Ça a un peu fait boule de neige», mentionne, en riant, celle qui enchaîne depuis hier les appels avec les journalistes.